dimanche 19 juillet 2009

Père castor raconte nous une histoire

Le Sengaku-ji est un temple zen bouddhique situé dans le quartier de Takanawa, c’est un petit temple à l’écart des grands axes et surtout du tourisme (j'ai rêvé d'un japon intime et poétique à l'échelle de l'homme...).






C’est pourtant le lieu d’une des plus célèbres légende nationale (on l’apprend même à l’école), et l’humble Aède (poète chantant des histoires épiques, confer troubadour) que je suis va vous compter cette histoire, l'histoire des 47 rōnin, ou vendetta d'Akō (je vous sens saliver rien que sur le titre). Quelque peu enjolivée, cette histoire authentique se situe dans la culture populaire japonaise de par les valeurs de loyauté, de sacrifice, de dévouement et d'honneur dont elle fait montre.

L’histoire commence en 1701 dans la région d'Ako. 2 daimyō (seigneurs médiévaux) sont appelés à la cour du Shōgun : Kamei Korechika et d'Asano Naganori du fief d'Akō. Ils sont instruits aux précepts de l'étiquette de la cour par le maître des cérémonies : Kira Kōzuke no Suke (décrit comme cassant et passablement corrompu). Asano, confucianiste et très croyant, refuse d'entrer dans ce jeu de corruption. Kira devient alors insultant envers les deux daimyō, mais après corruption il reporte sa colère contre Asano et finit par le traiter de cul-terreux. Asano bondit sur Kira et le blesse au visage (une simple estafilade) avec son tanto (poignard), et le tout au sein d’une aile du palais impérial, ce qui est un acte gravissime. Asano se voit contraint au Seppuku (suicide rituel) sur le champ, tous ses biens sont confisqués, et ses samouraïs sont laissés sans chef (devenant donc des rōnin). Leur chef, Ōishi Kuranosuke Yoshio décide alors de prendre les choses en main.

47 Samouraïs ne pouvant admettre la mort de leur seigneur décidèrent que bien que la vendetta soit proscrite dans un tel cas, il fallait venger l’honneur de leur maître. Connaissant la sanction qu'ils encourent Ils décident d’assassiner Kira.
Ils se dispersent pour égarer les soupçons et changent de métier, sombrant même dansla débauche la plus totale pour débouter les espions de Kira. Après un an et demi les conjurés se rassemblent à Edo et obtiennent une couverture dans la maison Kira, se familiarisant avec les lieux et les usages du personnel et de la garde. De plus ils introduisent des armes dans Edo illégalement.

L'attaque est lancé à l'aube du 14 décembre 1702, dans la neige et la tourmente (quelle scène magnifique imaginez cinquante samouraïs sabre au clair chargeant dans la neige). Le plan est minutieusement étudié, et lors du dernier repas (eux aussi) ils font serment de ne tuer aucune femmes, enfants ou autres personnes sans défense (le bushido n'impose pas de respecter les civils, mais bon ils sont nobles).

L'assaut débute sauvage et de deux cotés à la fois. Kira, terrifié, s'enfuit avec sa femme et ses servantes. Seize de ses hommes sont tués, vingt-deux sont blessés. Ōishi, s'agenouille devant Kira, lui propose de mourir honorablement (seppuku en d’autres termes) proposant même son assistance. Puis devant son mutisme le décapite, ils portent alors cette tête sur la tombe de leur seigneur après l’avoir purifiée.
Le Shōgun leur accorde une mort honorable par seppuku, plutôt que de les faire exécuter comme de vulgaires criminels (sauf un qui sera gracié car trop jeune). Conformément à leurs dernières volontés, ils sont enterrés au temple Sengaku-ji, sur une seule rangée face à la tombe de leur seigneur.


Le cimetière de Sengakuji existe toujours dans l’enceinte du temple : on peut y voir le bassin où a été lavée la tête de Kira, le tombeau d'Asano et les quarante huit stèles des rōnin. Trois siècles après, des baguettes d'encens sont encore déposés sur ces tombes.


2 commentaires:

Ruxhart a dit…

Une bien belle histoire pour de bien belles tombes.

Avoue, je suis sûr que tu nous racontes une histoire culturelle pour contrebalancer tes errements d'otaku à Akihabara...

Dex a dit…

Bien dit Ruxhart ! Hé ben c'était pas des tendres non plus au japon à cette époque !